Entre crises et opportunités : pourquoi il est actuellement judicieux d'investir dans les actions allemandes.
La place économique allemande est sous pression, ce qui offre justement des possibilités d'entrée intéressantes aux investisseurs. Découvrez dans cet éditorial les signaux envoyés par le nouveau gouvernement fédéral, pourquoi le « local-for-local » est plus qu'une simple tendance et pourquoi, malgré tous les défis, le DAX brille.
Qui investit aujourd'hui dans des actions allemandes n'a pas besoin de courage, mais d'une bonne mémoire. En effet, si l'on se souvient de la manière dont des entreprises comme SAP, Siemens, BMW ou VW ont géré les crises, on constate que l’économie allemande a été touchée, mais pas vaincue. En y regardant de plus près, on trouve des gagnants discrets, à des prix avantageux.
« En tout ce qui commence un génie est enclos », ce vers du poète allemand Hermann Hesse reflète non seulement l'état d'esprit du public, mais aussi les espoirs de nombreux investisseurs envers le nouveau gouvernement fédéral. L’échec du nouveau chancelier à se faire élire par le Parlement dès le premier tour jette une ombre sur le tableau. Espérons qu’il s’agit d’un évènement isolé et que les décisions à venir obtiennent un plus large soutien.
Les prochains mois nous diront si le gouvernement est en mesure de renforcer sensiblement l'économie. Les défis demeurent considérables : le conflit douanier avec les États-Unis n’a pas encore trouvé d’issue et la faiblesse de la croissance mondiale assombrit l’horizon. En revanche, le « Fonds spécial pour l'investissement et la sécurité » annoncé par le nouveau chancelier allemand donne un signal nettement plus constructif.
Les effets sur la croissance devraient rester limitées cette année, mais des perspectives attrayantes s’annoncent. Si sous la pression d’une volonté politique forte cette nouvelle orientation est mise en œuvre de manière conséquente, les entreprises allemandes pourraient bientôt profiter d’un influx investissements.
L'évolution rapide de la conjoncture montre que l’appareil économique allemand doit s’adapter rapidement. Il est de plus en plus clair que les bouleversements mondiaux rendent la mise en place ou le renforcement des capacités de production et de développement locales.
La tendance au « local-for-local » marque l'abandon d'une croissance centralisée axée sur l'exportation. Volkswagen illustre cette tendance : il y a dix ans, la « voiture mondiale » était développée et fabriquée en Allemagne. Aujourd'hui, la marque allemande souhaite développer une voiture en Chine et pour la Chine, afin de tenir compte des conditions du marché local.
La bonne situation financière des entreprises allemandes ne devrait pas constituer un obstacle majeur aux investissements, mais il convient de rester vigilant quant à la pérennité des marges qui restent très élevées.
Les entreprises allemandes bénéficient de leur grande capacité d'adaptation et de leur rapidité d'action. Même si l'Allemagne et ses grands groupes ont été volontiers dénigrés ces derniers temps, cela n'a que peu d'incidence sur les marchés boursiers. Au cours des cinq dernières années, les entreprises ont dû faire face à une pandémie historique, à une guerre majeure en Europe, à des perturbations des chaînes d'approvisionnement mondiales, ainsi qu'au choc de la hausse de l'inflation et des taux d'intérêt.
Malgré cela, le DAX a plus que doublé durant cette même période. Entre le 18 mars 2020 et avril 2021, il a progressé de près de 167 % sur une base de rendement total, et n'a donc pas à rougir face aux grands indices mondiaux. À titre de comparaison, le Nasdaq, très axé sur la technologie, a enregistré une hausse de 171 %, avec des poids lourds tels que les géants Amazon, Apple et NVIDIA.
Les valeurs allemandes sont nettement moins chères. Selon des estimations pour 2026, le DAX est évalué à seulement 14,7 fois ses bénéfices, contre 24 fois pour le Nasdaq.
Compte tenu des valorisations avantageuses en Allemagne, il pourrait également être intéressant de se pencher sur les titres de deuxième rang. Depuis le début de l'invasion de l'Ukraine par la Russie et les chocs inflationnistes et de taux d'intérêt qui l'ont accompagnée, les valeurs secondaires ont été nettement affectées et sont désormais loin derrière les valeurs standard.
Tout comme les grands groupes allemands, les petites valeurs sont orientées vers l'exportation, mais elles dépendent davantage du marché intérieur que BMW, Siemens ou SAP. La faiblesse de l'économie allemande rend ce segment moins attractif pour les investisseurs, malgré la présence de nombreuses entreprises de premier plan. Par exemple, le SDAX se négocie à tout juste 11 fois ses bénéfices pour 2026.
Des opportunités intéressantes s'offrent aux investisseurs, car ce sont précisément ces entreprises qui devraient profiter pleinement des coups de pouce lancés par les autorités. Rien ne s'oppose donc à une réévaluation des projections, pour autant que les entreprises se souviennent de leurs vertus et saisissent les opportunités offertes par ces nouveaux défis, comme elles l'ont déjà fait par le passé.
« Seul celui qui sait rompre, éternel passager,
Peut échapper à l'endormante accoutumance. »
(Hermann Hesse, Gradins)