Perspectives sur les taux d'intérêt, technologie, géopolitique : les marchés financiers à la croisée des chemins
Le premier semestre 2025 a été marqué par un mélange complexe de tensions géopolitiques, de bouleversements technologiques et de décisions de politique monétaire. Malgré les nombreux défis à relever, les marchés financiers ont globalement fait preuve de résilience, soutenus par des données économiques solides aux États-Unis, une forte demande pour les technologies émergentes et l'anticipation d'une baisse imminente des taux d'intérêt aux États-Unis.
L'économie mondiale a connu une évolution inégale au cours du premier semestre. L'économie américaine a poursuivi sa croissance modérée, avec une expansion d'environ 2,2 %, tandis que l'Europe a stagné, avec une croissance légèrement inférieure à 1 %. La Chine tente de stabiliser son économie, mais des problèmes structurels et la faible confiance des consommateurs freinent la croissance. Le recul de l'inflation mondiale ouvre des perspectives en termes de politique monétaire, mais à des moments différents et avec des stratégies différentes.
Le dollar est sous pression : les risques politiques et les déficits pèsent sur la situation
Début juin, la BCE a envoyé un signal fort en poursuivant sa politique de baisse des taux d'intérêt, mise en place depuis juin 2024, et en abaissant à nouveau ses taux directeurs de 25 points de base. En revanche, la Réserve fédérale américaine reste prudente, malgré les pressions politiques exercées par la Maison Blanche pour qu'elle baisse également ses taux. La Réserve fédérale américaine souhaite disposer de preuves solides d'un ralentissement durable de l'inflation avant d'agir. Moody's a été la dernière des trois principales agences de notation à abaisser la note de crédit des États-Unis, qui était jusqu'alors la meilleure. Cette décision a principalement pesé sur les obligations à long terme. Les courbes de rendement aux États-Unis et en Europe se sont fortement raidies au premier semestre, indiquant des anticipations croissantes de baisses de taux d'intérêt malgré des prévisions de croissance à long terme stables.
En cette année électorale, la politique commerciale américaine est redevenue protectionniste. Les nouveaux droits de douane sur les produits technologiques chinois et le renforcement des contrôles à l'exportation sont des sources d'incertitude sur les marchés. Les relations transatlantiques sont également tendues, notamment en ce qui concerne les normes industrielles et le transfert de technologies.
Depuis le début de l'année, le dollar américain s'est affaibli par rapport aux principales devises. Cette situation s'explique par plusieurs facteurs, notamment la prudence de la Fed, l'incertitude politique croissante, l'augmentation du déficit budgétaire et la persistance des déséquilibres des comptes courants. Cela a soutenu les prix des matières premières, en particulier ceux des métaux précieux.
L'or brille, le pétrole faiblit et la technologie domine : les tendances du premier semestre 2025
La concurrence mondiale sur le marché des matières premières, telles que les terres rares, s'intensifie. L'Europe et les États-Unis cherchent à réduire leur dépendance vis-à-vis des chaînes d'approvisionnement chinoises en développant leurs propres capacités de production. Cependant, les sources alternatives de matières premières restent coûteuses et nécessitent beaucoup de main-d'œuvre. Les entreprises tout au long de la chaîne de valeur, de l'extraction minière à la production de batteries, font l'objet d'une attention stratégique accrue.
Les cours de l'or ont augmenté d'environ 26 % au premier semestre, atteignant un nouveau record historique. Outre les tensions géopolitiques et la faiblesse du dollar américain, la forte demande des investisseurs institutionnels a également soutenu les prix des métaux précieux. L'argent et le platine ont aussi profité de cette situation. Les cours du pétrole sont toutefois restés sous pression malgré les crises qui secouent le Moyen-Orient. L'augmentation de la production aux États-Unis et la demande mondiale ont permis aux prix de rester stables, sous la barre des 80 dollars le baril. Par conséquent, les actions du secteur pétrolier et gazier n'ont pas figuré parmi les gagnants du premier semestre.
Les hausses des cours ont une nouvelle fois été tirées par les entreprises technologiques américaines. Les annonces d'investissements massifs dans de nouveaux centres de données par les principaux fournisseurs de services de cloud et d'IA ont notamment alimenté les spéculations du marché. Microsoft et Amazon, par exemple, investissent massivement dans des capacités informatiques supplémentaires. Nvidia reste sous les feux de la rampe, avec un démarrage en fanfare des livraisons de ses nouvelles puces Blackwell. La demande de processeurs graphiques haute performance pour l'entraînement des modèles d'IA dépasse les attentes, ce qui a eu un effet positif sur les ventes et les marges.
Des progrès ont également été réalisés dans le domaine de la conduite autonome, avec l'extension des essais de taxis robotisés à plusieurs villes américaines. Des entreprises telles que Waymo, Apollo Go et Tesla ont intensifié leurs projets pilotes, ce qui témoigne d'une maturité technique croissante et d'une marge de manœuvre réglementaire plus importante.
Perspectives pour le second semestre 2025
Le contexte économique devrait rester difficile au second semestre, les facteurs géopolitiques et la politique des banques centrales jouant un rôle déterminant. Toutefois, les tendances structurelles, notamment celles liées à la technologie, aux matières premières essentielles et à la croissance de la consommation en Asie, offrent des opportunités intéressantes pour les investisseurs à long terme.
Les marchés financiers devraient rester volatils cette année, pris entre l'incertitude politique et l'optimisme technologique. Une stratégie d'allocation intelligente, axée sur les tendances de croissance actuelles et tenant compte de la situation dans son ensemble au-delà des actualités à court terme, restera essentielle.