Dans l’horoscope chinois, le Serpent symbolise la sagesse, l’intuition et l’élégance, ainsi que la perspicacité et la pensée stratégique. Alors que le signe de l’année précédente, le Dragon, est plutôt axé sur les gains rapides, le Serpent a besoin de plus de temps et évalue chaque opportunité avec soin. Cependant, il incarne aussi la méfiance et l’envie. L’année du Serpent coïncide avec la deuxième année sous l’élément du Bois, qui représente le printemps, le renouveau, une période où tout fleurit et prospère.
Les investisseurs sont actuellement très méfiants à l’égard de l’économie chinoise. Après l’éclatement de la bulle immobilière, la plupart des grandes entreprises de construction en Chine sont en difficulté, confrontées à des emprunteurs, à une nouvelle baisse des prix de l’immobilier et à un recul des ventes. Jusqu’à présent, les mesures incitatives du gouvernement chinois pour attirer de nouveaux acheteurs n’ont pas porté leurs fruits.
La dette de l’État chinois est très élevée et souvent pointée par les investisseurs. Pourtant, on omet souvent de mentionner que les pays occidentaux ont eux aussi appris à vivre avec un endettement croissant. En 2024, la Chine a abaissé ses taux d’intérêt à un niveau historiquement bas et injecté à plusieurs reprises des liquidités dans son économie pour la stimuler.
Tout semble donc en place pour une nouvelle reprise de la Chine. Mais l’Occident n’y croit pas. Quid du peuple chinois ?
En décembre 2024, l’excédent commercial de la Chine a atteint un niveau record, s’élevant à 104,84 milliards de dollars américains. Sur l’ensemble de l’année, les exportations ont augmenté de 10,7 %, tandis que les importations n’ont progressé que de 1 %. La croissance du produit national brut a surpris positivement avec un taux de 5,4 % en décembre, et la production industrielle a grimpé de 6,2 %. Ceci est logique au vu des performances du commerce.
Pour les particuliers, il reste uniquement le marché intérieur chinois. Les investissements à l’étranger étant limités, les options d’investissement se réduisent au marché immobilier, aux actions, aux obligations et aux métaux précieux. Le taux brut d’épargne des Chinois est d’environ 43 %, l’un des plus élevés au monde. Il ne s’agit donc que d’une question de temps et d’observation – pour parler en langage de Serpent – avant que la confiance dans le marché boursier national ne revienne. Avec des taux d’intérêt à un niveau historiquement bas, les comptes bancaires et les placements obligataires deviennent moins attrayants, poussant les investisseurs à rechercher des alternatives.
Le marché actions chinois avait atteint un sommet en 2020 et 2021 avant d’entamer une forte correction. Depuis février 2024, l’indice hongkongais Hang Seng affiche une tendance plus constructive avec des creux et des sommets de plus en plus hauts. De son côté, le Shanghai Composite a rebondi de plus de 30 % depuis son point bas de septembre/octobre et est actuellement en phase de consolidation. Globalement, le marché reste très attractif en termes de valorisation. Prenons l’exemple d’Alibaba, souvent considéré comme l’« Amazon chinois » : en 2020, son action valait 315 dollars américains. Aujourd’hui, elle ne coûte plus que 85 dollars, alors que son chiffre d’affaires a progressé de plus de 25 % et son bénéfice net par action de plus de 75 %.
D’après diverses sources, le gouvernement chinois pourrait dévaluer le yuan pour relancer l’économie, notamment en réaction à de possibles sanctions douanières de la part des États-Unis. Déjà lors du premier mandat du président Donald Trump, la Chine avait utilisé sa monnaie comme un levier stratégique. Trump en est conscient et, malgré ses déclarations, pourrait agir avec plus de prudence cette fois-ci, suivant la stratégie décrite dans son livre The Art of the Deal, qui recommande de fixer des exigences maximales pour obtenir ensuite un compromis avantageux. De son côté, Xi Jinping a clairement affirmé que son gouvernement ferait tout son possible pour maintenir la croissance économique. Les signes d’une reprise économique chinoise sont donc encourageants.
Toutefois, il faut rester sélectif avec les emprunteurs chinois. Ces dernières années, la Chine a connu les taux de défaillance les plus élevés parmi les économies émergentes. Les promoteurs immobiliers figuraient parmi les emprunteurs les plus actifs sur le marché obligataire international, mais une grande partie des crédits sont désormais en souffrance. D’autres secteurs économiques présentent également un risque accru de défaillance. Les entreprises fondamentalement solides sont négociées à des prix relativement élevés, tandis que les emprunteurs plus fragiles affichent des normes de gouvernance d’entreprise très faibles. Même si les taux de défaut devraient nettement diminuer dans les années à venir, le marché obligataire reste peu attractif et trop risqué.
En fin de compte, les caractéristiques du Serpent sont essentielles pour analyser toutes ces informations et prendre les bonnes décisions avec prudence – que ce soit du point de vue américain ou chinois. L’élément Bois pourrait aussi jouer son rôle en favorisant des négociations constructives où, en cas de guerre commerciale, les deux parties pourraient être gagnantes ou perdantes. L’histoire a prouvé que de tels conflits nuisent au commerce mondial et, par conséquent, à notre prospérité à tous. À l’inverse, des négociations positives pourraient inaugurer un « printemps » du commerce – bénéfique pour les deux parties. Ces deux économies étant trop importantes, nous ne pouvons nous permettre d’en détourner les yeux.